Vous vous demandez comment certaines peintures américaines ont marqué plus l’esprit que d’autres, notamment, celles qui sont au cœur de l’avant-garde ? La grande variété d’œuvres de l’Expressionnisme abstrait et leur succès d’après-guerre c’est ce qu’on en parle dans cet article.
L’Expressionnisme abstrait et ses artistes
Une nouvelle avant-garde est apparue au début des années 1940, principalement à New York, où un petit groupe d’artistes vaguement affiliés ont créé un mouvement d’une grande diversité stylistique qui a introduit de nouvelles orientations radicales dans l’art. Ils ont attiré l’attention du monde artistique. Ces membres sont connus sous le nom d' »Expressionnistes abstraits » ou « The New York School » parce qu’ils partagent la même vision. Entre autres, des artistes tels que Jackson Pollock (1912-1956), Willem de Kooning (1904-1997), Franz Kline (1910-1962), Lee Krasner (1908-1984), Robert Motherwell (1915-1991), William Baziotes (1912-1963), Mark Rothko (1903-1970), Barnett Newman (1905-1970), Adolph Gottlieb (1903-1974), Richard Pousette-Dart (1916-1992) et Clyfford Still (1904-1980) ont fait évoluer les créations formelles au point de devenir audacieuses avec un contenu plus riche.
En rompant avec les conventions, tant sur le plan technique que subjectif, les artistes ont réalisé des œuvres à l’échelle monumentale qui reflétaient leur propre psychisme. ils ont tenté de puiser dans des sources intérieures universelles. Ils valorisent alors la spontanéité et l’improvisation tout en accordant la plus haute importance au processus. Leur travail résiste à la catégorisation stylistique, mais il peut être regroupé autour de deux inclinaisons fondamentales : l’accent mis sur un geste dynamique et énergique, par opposition à une focalisation réfléchie et cérébrale. Dans les deux cas, l‘imagerie était essentiellement abstraite. Même lorsqu’il s’agissait de représenter des images basées sur des réalités visuelles, les expressionnistes abstraits privilégiaient un mode très abstrait.
Le contexte de développement de l’expressionnisme abstrait
L’expressionnisme abstrait s’est développé dans le contexte de sources et d’inspirations diverses qui se chevauchent. Beaucoup de jeunes artistes avaient fait leurs débuts dans les années 1930. La Grande Dépression a donné naissance à deux mouvements artistiques populaires, le régionalisme et le réalisme social, qui n’ont pas satisfait le désir de ce groupe d’artistes de trouver un contenu riche de sens, empreint de responsabilité sociale, mais sans provincialisme ni politique explicite. La Grande Dépression a également stimulé l’élaboration de programmes d’aide gouvernementaux, dont le Works Progress Administration (WPA), un programme d’emploi pour les chômeurs américains auquel de nombreux membres du groupe ont participé et qui a permis à tant d’artistes d’établir un parcours professionnel.
Mais c’est l’exposition et l’assimilation du modernisme européen qui ont ouvert la voie à l’art américain le plus avancé. Il y avait plusieurs lieux à New York pour voir de l’art d’avant-garde européen. Le Musée d’art moderne avait ouvert ses portes en 1929 et les artistes y ont vu une collection en pleine expansion acquise par le directeur Alfred H. Barr, Jr. Ils ont également été exposés à des expositions temporaires révolutionnaires de nouvelles œuvres, dont Cubisme et art abstrait (1936), Fantastic Art, Dada, Surréalisme (1936-37) et des rétrospectives de Matisse, Léger et Picasso, entre autres. Le Musée d’art vivant d’Albert Gallatin, situé à l’Université de New York de 1927 à 1943, est un autre forum où l’on peut admirer l’art le plus avancé.
Là, les expressionnistes abstraits ont vu le travail de Mondrian, Gabo, El Lissitzky, et d’autres. Précurseur du Musée Solomon R. Guggenheim le Musée de la Peinture Non-Objective ouvert en 1939. Même avant cette date, sa collection de Kandinsky avait été exposée publiquement à plusieurs reprises. Les leçons du modernisme européen ont également été diffusées par l’enseignement. L’expatrié allemand Hans Hofmann (1880-1966) est devenu l’enseignant d’art moderne le plus influent aux Etats-Unis, et son impact a touché aussi bien les artistes que les critiques.
Les sources d’inspiration de l’époque
La crise de la guerre et ses conséquences sont essentielles pour comprendre les préoccupations des expressionnistes abstraits. Ces jeunes artistes, troublés par le côté obscur de l’homme et conscients de l’irrationalité et de la vulnérabilité humaine, ont voulu exprimer leurs préoccupations dans un nouvel sens et fond de l’art.
Les contacts directs avec les artistes européens se sont multipliés à la suite de la Seconde Guerre mondiale, ce qui a poussé tant de personnes, dont Dalí, Ernst, Masson, Breton, Mondrian et Léger, à chercher refuge aux États-Unis. Un des dispositifs surréalistes pour se libérer de l’esprit conscient était l’automatisme psychique, dans lequel le geste automatique et l’improvisation gagnent du terrain.
Travaux préliminaires
Très tôt, les expressionnistes abstraits, à la recherche d’un sujet intemporel et puissant, se sont tournés vers les mythes primitifs et l’art archaïque pour trouver leur inspiration. Rothko, Pollock, Motherwell, Gottlieb, Newman et Baziotes se sont tous tournés vers les cultures anciennes ou primitives pour s’exprimer. Leurs premières œuvres comportent des éléments pictographiques et biomorphiques transformés en code personnel. La psychologie jungienne était également convaincante dans son affirmation de l’inconscient collectif. La franchise de l’expression était primordiale, le meilleur moyen d’y parvenir étant l’absence de préméditation. Dans une célèbre lettre au New York Times (juin 1943), Gottlieb et Rothko, avec l’aide de Newman, écrivent :
« Pour nous, l’art est une aventure dans un monde inconnu de l’imagination, sans fantaisie et violemment opposé au bon sens ».