Les acteurs du surréalisme ont cherché à canaliser l’inconscient pour libérer le pouvoir de l’imagination. Méprisant le rationalisme et le réalisme littéraire, et fortement influencés par la psychanalyse, les surréalistes croyaient que l’esprit rationnel réprimait le pouvoir de l’imagination, l’alourdissant de tabous.

Les idées clés du surréalisme

  • André Breton définit le surréalisme comme “l’automatisme psychique à l’état pur, par lequel on se propose d’exprimer – verbalement, par l’écrit, ou de toute autre manière – le fonctionnement même de la pensée”. Ce que propose Breton, c’est que les artistes contournent la raison et la rationalité en accédant à leur inconscient. Dans la pratique, ces techniques sont devenues connues sous le nom d’automatisme ou d’écriture automatique, ce qui permettait aux artistes de renoncer à la pensée consciente et d’embrasser le hasard dans la création artistique.
  • L’œuvre de Sigmund Freud a profondément influencé les surréalistes, en particulier son livre The Interpretation of Dreams (1899). Freud a légitimé l’importance des rêves et de l’inconscient en tant que révélations valables des émotions et des désirs humains. Son exposition des mondes intérieurs complexes et réprimés de la sexualité, du désir et de la violence a fourni une base théorique pour une grande partie du surréalisme.
  • L’imagerie surréaliste est probablement l’élément le plus reconnaissable du mouvement, mais elle est aussi la plus difficile à catégoriser et à définir. Chaque artiste s’est appuyé sur ses propres motifs récurrents nés de ses rêves et/ou de son inconscient. À la base, l’imagerie est farfelue, déroutante et même étrange, car elle est censée faire sortir le spectateur de ses hypothèses réconfortantes. La nature, cependant, est l’imagerie la plus fréquente : Max Ernst était obsédé par les oiseaux et avait un alter ego d’oiseau, Salvador Dalí avait souvent des fourmis ou des œufs dans ses œuvres et Joan Miró s’appuyait fortement sur de vagues images biomorphiques.

Les grands noms du surréalisme

Les principaux peintres surréalistes étaient Jean Arp, Max Ernst, André Masson, René Magritte, Yves Tanguy, Salvador Dalí, Pierre Roy, Paul Delvaux et Joan Miró. Le travail de ces artistes est trop diversifié pour être catégoriquement résumé comme l’approche surréaliste dans les arts visuels. Chaque artiste cherchait ses propres moyens d’auto-exploration. Certains ont poursuivi avec détermination une révélation spontanée de l’inconscient, libéré des contrôles de la conscience ; d’autres, notamment Miró, ont utilisé le surréalisme comme point de départ libérateur pour une exploration des fantasmes personnels, conscients ou inconscients, souvent par des moyens formels de grande beauté.

Salvador Dali : un grand nom du surréalisme
Salvador Dali : un grand nom du surréalisme
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Les oeuvres marquantes du surréalisme

Carnaval d’Arlequin (1924-25)- Joan Miró

Miró a créé dans ses tableaux des espaces élaborés et fantastiques. Ils sont un excellent exemple de surréalisme dans leur dépendance à l’imagerie onirique et leur utilisation du biomorphisme. Les formes biomorphiques sont celles qui ressemblent à des êtres organiques mais qui sont difficiles à identifier comme une chose spécifique. Les formes semblent s’auto-générer, se transformer et danser sur la toile. Bien qu’il y ait la suggestion d’un espace tridimensionnel crédible dans le Carnaval d’Arlequin, les formes ludiques sont arrangées avec une qualité générale qui est commune à de nombreuses œuvres de Miró pendant sa période surréaliste, et qui le conduirait éventuellement à une plus grande abstraction. Miró était surtout connu pour son utilisation des techniques d’écriture automatique dans la création de ses œuvres. En particulier le griffonnage ou le dessin automatique, qui est à l’origine de beaucoup de ses toiles. Il est surtout connu pour ses œuvres comme celle-ci, qui représentent des scènes intérieures chaotiques mais légères, puisant son influence dans les intérieurs néerlandais du XVIIe siècle.

Huile sur toile – Albright-Knox Art Gallery, Buffalo, New York

La condition humaine (1933) – René Magritte

Les œuvres iconiques et énigmatiques de René Magritte tendent à être intellectuelles. Elles traitent souvent de jeux de mots visuels et de la relation entre la représentation de quelque chose et la chose elle-même. Dans La condition humaine, une toile repose sur un chevalet devant une fenêtre à rideau et reproduit exactement la scène à l’extérieur de la fenêtre qui se trouverait derrière la toile. Ainsi, l’image sur le chevalet devient en un sens la scène, pas seulement une reproduction du paysage. Il n’y a en effet aucune différence entre les deux car les deux sont des fabrications de l’artiste. Le style de peinture hyperréaliste souvent utilisé par les surréalistes donne l’impression que l’installation étrange est onirique.

Huile sur toile – Los Angeles County Museum of Art

Mama, Papa is Wounded ! (1927) – Yves Tanguy

Mama, Papa is Wounded représente le sujet de guerre le plus courant de Tanguy. L’œuvre est peinte dans un style hyperréaliste avec sa palette de couleurs limitée et distinctive. Elles créent ainsi un sentiment de réalité onirique. Tanguy a souvent trouvé les titres d’ouvrages en parcourant les cas psychiatriques pour trouver des déclarations convaincantes de la part des patients. De ce fait, il est difficile de savoir si cette œuvre est pertinente pour l’histoire de sa propre famille. En effet, il a prétendu avoir imaginé le tableau dans son intégralité avant de le commencer. Son frère a été tué au cours de la Première Guerre mondiale. La morosité du paysage peut généralement faire référence aux pertes subies pendant la guerre par des milliers de familles françaises. L’influence de De Chirico sur l’œuvre de Tanguy est évidente. On le voit dans son utilisation des ombres portées et d’un torse classique dans le paysage.

Huile sur toile – Museum of Modern Art, New York