Le fauvisme, premier mouvement du XXe siècle en art moderne, s’est d’abord inspiré des exemples de Vincent van Gogh, Paul Gauguin, Georges Seurat et Paul Cézanne. Les Fauves (“bêtes sauvages”) étaient un groupe de peintres français plus ou moins alliés et partageant des intérêts communs. Plusieurs d’entre eux, dont Henri Matisse, Albert Marquet et Georges Rouault, avaient été élèves de l’artiste symboliste Gustave Moreau et admiraient l’accent mis par l’artiste plus âgé sur l’expression personnelle. Les membres partageaient l’utilisation de la couleur intense comme véhicule pour décrire la lumière et l’espace, et qui ont redéfini la couleur pure et la forme comme moyen de communiquer l’état émotionnel de l’artiste. À cet égard, le fauvisme s’est avéré un important précurseur du cubisme et de l’expressionnisme ainsi qu’une pierre de touche pour les futurs modes d’abstraction.

Les idées clés du fauvisme

  • L’une des contributions majeures du fauvisme à l’art moderne a été son objectif radical de séparer la couleur de sa finalité descriptive et figurative et de lui permettre d’exister sur la toile comme un élément indépendant. La couleur peut projeter une ambiance et établir une structure à l’intérieur de l’œuvre d’art sans avoir à être fidèle au monde naturel.
  • Une autre des préoccupations artistiques centrales du fauvisme était l’équilibre général de la composition. Les formes simplifiées et les couleurs saturées des Fauves attirent l’attention sur la planéité inhérente de la toile ou du papier ; dans cet espace pictural, chaque élément joue un rôle spécifique. L’impression visuelle immédiate de l’œuvre est d’être forte et unifiée.
  • Par-dessus tout, le fauvisme valorisait l’expression individuelle. L’expérience directe de l’artiste de ses sujets, sa réponse émotionnelle à la nature et son intuition étaient toutes plus importantes que la théorie académique ou un sujet élevé. Tous les éléments de la peinture ont été employés au service de cet objectif.

Art et artistes importants du fauvisme

Les œuvres d’art ci-dessous sont les plus importantes du fauvisme – qui donnent un aperçu des principales idées du mouvement et mettent en lumière les plus grandes réalisations de chaque artiste du fauvisme.

Luxe, Calme et Volupté – Henri Matisse

Cette première œuvre de Matisse indique clairement les influences stylistiques de l’artiste, notamment le Pointillisme de Georges Seurat et le Divisionnisme de Paul Signac, dans l’utilisation de petites touches de couleur pour créer un frisson visuel. Ce qui distingue ce travail de ces méthodes plus rigides, cependant, c’est l’intense concentration de couleurs pures de Matisse. Les oranges, les jaunes, les verts et les autres couleurs conservent tous leur place discrète sur le plan pictural, ne se confondant jamais tout à fait pour former la tonalité harmonieuse qui faisait la renommée de Seurat et de Signac, et accentuent plutôt l’effet presque vertigineux créé par ces points de peinture frappants. Matisse a repris le titre de cette œuvre, qui se traduit par ” luxe, paix et plaisir “, du poème de Charles Baudelaire, L’Invitation au Voyage.

Luxe, calme et volupté - tableau de Matisse, artiste du fauvisme
Luxe, calme et volupté – tableau de Matisse, artiste du fauvisme
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La Seine à Chatou – Maurice de Vlaminck

Cette scène représente la partie de la Seine qui traverse Chatou, la banlieue parisienne où de Vlaminck et Derain partagent un atelier depuis 1901. Pour la Seine, de Vlaminck utilise l’impasto (technique pratiquée par de nombreux Fauves) : d’épaisses couches de peinture appliquées directement à partir du tube, puis brossées ensemble par petits traits pour créer l’effet du mouvement. Pour l’eau et le ciel, de Vlaminck a utilisé une gamme de bleus et de verts, ainsi que des reflets blancs éblouissants appliqués en tampons hachés ; les deux arbres rouges et oranges à gauche offrent un contraste vivant. L’effet final en est un de brillance et de mouvement vibratoire ; les détails et la perspective traditionnelle ont beaucoup moins d’importance qu’un sentiment de plaisir flottant. Comme le disait de Vlaminck : “J’essaie de peindre avec mon cœur et mes tripes sans me soucier du style.”

La seine à chatou - tableau d'art à l'époque du fauvisme
The River Seine at Chatou
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Pinède à Cassis – André Derain

Derain prétendait utiliser “la couleur comme un moyen d’exprimer mon émotion et non comme une transcription de la nature”. Dans ce tableau (tout comme dans ses célèbres Montagnes de Collioure (1905)) Derain a utilisé de longs coups de pinceau isolés, influencés par la peinture divisionniste, pour structurer les arbres et le sol de son paysage. Les couleurs sont en effet non représentatives, voire contre nature : les troncs des arbres sont presque verts, et le paysage est abstrait dans des taches de jaune vif et orange. La pulsation du pinceau et les contrastes saisissants de ces couleurs suggèrent la chaleur chatoyante d’un été méditerranéen. En rejetant le clair-obscur et la profondeur spatiale, Derain fixe l’attention du spectateur sur cet effet de lumière et sur la force vitale qui semble se répandre dans chaque élément du paysage.

Pinède à Cassis - tableau représentant le fauvisme
Pinède à Cassis – tableau représentant le fauvisme
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Le mot de la fin

Le fauvisme n’a été rendu possible que par les progrès de la fabrication industrielle au XIXe siècle, qui ont créé de nouveaux pigments de peinture de couleur plus vive. Le groupe les utilisait souvent directement à partir du tube, sans mélanger – c’est-à-dire sous la forme la plus forte possible. Tout cela au mépris de la pratique de l’Académie et, d’ailleurs, des conventions artistiques occidentales en général.